Le Plan Climat Air-Énergie Territorial : « un enjeu majeur qui conditionne notre avenir »
Conseil Métropolitain 12 mai 2022
Intervention de Romain Pierronnet
Monsieur le Président, Madame la Vice-Présidente, Chers collègues,
Le groupe Grand Nancy Perspectives votera pour cette délibération, car nous sommes là dans un enjeu évidemment majeur, qui conditionne notre avenir du local, et au delà. Il convient naturellement que notre territoire y prenne sa part.
Alors, comme le rappelle la délibération, le PCAET s’alignera sur un objectif de réduction de 55% de nos émissions d’ici 2030, objectif qui est celui du Pacte Vert de l’Union Européenne. Il va nous falloir faire des efforts conséquents pour y parvenir, sans précédent même. C’est vrai au plan de l’exemplarité des collectivités publiques, de nos comportements individuels ou de ceux des entreprises et plus largement des organisations que nous fréquentons habituellement et qui, par leurs pratiques, influent sur nos comportements quotidiens.
Je ne vais pas reprendre l’intégralité des points qui viennent d’être présentés, mais simplement attirer notre attention sur quelques points de méthode. Car, si nous nous prononçons aujourd’hui sur un document plutôt de nature stratégique, sa mise en œuvre pose dès maintenant des questions de tactique.
Par exemple, comment assurer la bonne complémentarité entre les dispositifs de politiques publiques qui naîtront de ce PCAET et ceux qui existent ou existeront par ailleurs, du côté de l’État, de l’ADEME, du Département, de la Région Grand Est, etc. ?
Il faudra également vérifier la cohérence avec les perspectives territoriales stratégiques couvertes par le SCOT (il est bien évoqué dans le document) et le SRADDET régional (qui lui n’est pas évoqué). Un sujet d’une grande transversalité donc.
L’enjeu de complémentarité entre les dispositifs renvoie donc non seulement :
- à la bonne compréhension des besoins des publics,
- à leur bonne lisibilité pour les parties prenantes comme condition de recours à ces dispositifs,
- mais aussi bien sûr à leur impact concret et réel sur la baisse des émissions, par exemple sur la base d’un bilan du PCAET précédent dont il serait bon d’avoir connaissance. Les documents qui nous ont été transmis mentionnent des données qui sont certes intéressantes, mais sans discuter de l’impact du PCAET précédent. C’est dommage à ce stade.
« Une transition écologique réussie est nécessairement économique et sociale »
Et puis, l’efficience de notre prochain PCAET ne se mesurera pas seulement à la baisse des émissions, mais aussi à son appropriation par nos concitoyens, et en particulier pour celles et ceux qui sont le plus dans le besoin. Nous parlons là d’une transition qui ne pourra pas se faire contre les gens, mais avec eux.
Aussi, l’action de notre Métropole devra s’intégrer à un travail partenarial dense du fait de la transversalité des secteurs d’activités dans lesquels agir.
Je l’ai dit : cela supposera aussi de l’exemplarité de la part du secteur public en général et, en l’espèce, de notre collectivité. L’opérationnalisation de ce PCAET devra donc se décliner au travers d’un plan pluriannuel d’investissement qui sera à la fois spécifique, sur des actions bien explicites, mais aussi dans une démarche systémique qu’il est aujourd’hui bien difficile d’identifier faute de projet métropolitain associant l’interne et l’externe.
A propos de l’externe, parmi les acteurs essentiels, il y a bien sûr notre université et nous nous réjouissons de voir poursuivie l’association du secteur académique aux travaux de la collectivité, au travers notamment de la création du Conseil Métropolitain pour le Climat qui fera l’objet de la délibération suivante et en faveur duquel nous voterons.
Ici aussi, il faudra veiller à sa bonne articulation avec le Conseil de Développement Durable, dont je crois d’ailleurs me souvenir qu’il était à l’origine de l’ajout du « A » dans « PCAET » avant sa généralisation dans la loi.
Je le dis maintenant pour ne pas le redire plus tard, mais c’est naturellement dans l’esprit une démarche à laquelle nous souscrivons bien sûr. Si la crise sanitaire n’avait déjà que trop rappelé ce besoin de dialogue entre élus et chercheurs, l’ampleur du travail à réaliser autour de la transition écologique nous appelle à conforter plus que jamais notre dialogue avec la recherche comme avec les citoyens ainsi qu’avec tous leurs représentants.
D’ailleurs, je sais bien qu’il y a urgence écologique, mais ce serait bien que les membres de la commission ne reçoivent pas les documents sur le PCAET quelques heures avant leur présentation en séance !
« Le Plan Métropolitain des Mobilités ne sera pas à la hauteur des enjeux »
Alors vous le savez, nous avons d’ores et déjà des désaccords avec certains points structurants que convoque votre stratégie, je pense notamment au Plan Métropolitain des Mobilités dont nous pensons qu’il ne sera pas à la hauteur des enjeux, notamment parce qu’il ne propose pas suffisamment d’alternatives à un autosolisme polluant. Je pense au fait d’avoir renoncé au tram-train, l’ambition encore trop visible sur les mobilités à base électrique ou d’hydrogène, ou l’absence de suite à notre proposition d’accélérer sur les services d’autopartage dont des travaux montrent pourtant qu’ils pourraient conduire à renoncer à une partie du parc automobile individuel privé.
Des désaccords, nous en avons, oui. Mais il y a aussi le reste et vu l’ampleur de l’enjeu pour nous, nos enfants et les suivants, nous souscrivons à la nécessité de construire ce nouveau PCAET avec le bon niveau d’ambition et la bonne méthode.
Romain Pierronnet,
Conseiller métropolitain et municipal (ville de Nancy)
Ingénieur de recherche
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